lundi 7 janvier 2008

Des carambars plein les poches


Récemment, une ancienne camarade de mon école primaire a repris contact avec moi, de manière impromptue, après trente ans de silence, et m'a avoué partager avec moi le projet (sérieux !) de nous réunir, quelques anciens des années CM1-CM2, courant avril si tout se passe bien, autour d'un restaurant en compagnie, dans le meilleur des cas, de monsieur Gonnet, notre instituteur adoré de ces mêmes années. Par l'intermédiaire d'une ancienne qu'elle a contactée sur un site de retrouvailles, Laurence a reçu une photo datant d'une époque encore antérieure, de la saison 1977-78, alors que nous étions au CE1. Me faisant parvenir à son tour ladite photo, elle m'a permis de replonger dans une ambiance étrangement surannée qui remonte à l'ère antédiluvienne où l'être que je suis devenu était à peine au tout début de sa formation, encore épargné par ses démons ultérieurs que ne manqueraient pas de générer ses maussades années d'adolescence.
C'est un sourire étranglé qui éclaire mes yeux émus. Je ne sais pas de quel sacrifice je serais capable pour revenir en ces temps-là, et revivre certains épisodes : m'imprégner des vieux couloirs de cette école qui a peu changé depuis, retrouver le préau recouvert en partie d'un châpiteau de ciment que soutenaient ces colonnes grises le long de sa circonférence, sentir les agathes rouler dans la paume de mes mains, mes yeux s'abîmer à vouloir viser le soldat de plomb duquel me séparaient dix mètres infranchissables en rapport avec sa valeur marchande; j'aimerais revivre les minutes que mes amis et moi volions à la récréation en restant dans la classe, à l'insu de notre instituteur, alors que c'était strictement interdit. Un quart d'heure de folie, sans surveillance, à monter sur les chaises comme on vainc l'Everest, à jouer à cache-cache, à nous jeter des craies qui, parfois, finissaient leur voyage dans l'aquarium, si bien que lors de la reprise des cours nous pouvions, dans la crainte qu'on les remarque, suivre la dissolution progressive des craies noyées qui peignaient l'aquarium avec les couleurs bariolées d'un arc-en-ciel, tableau en formation sous nos yeux éberlués, impuissants que nous étions d'enrayer le processus engagé.
J'aimerais de nouveau que m'assourdissent les cris des élèves dans l'ouragan enclanché par la dernière sonnerie de la journée, quand il était enfin possible de libérer les carambars qui avaient dû subir le supplice des poches-prisonque avant d'être sucés avidement...
Laurence figure sur la photo de classe au deuxième rang en partant du bas, en seconde position à partir de la gauche. Quant à moi, comme vous connaissez mon portrait qui domine mon blog quand il s'affiche, je vous laisse partir à la recherche de mon enfant intérieur. La réponse viendra en temps voulu.

5 commentaires:

Wictoriane a dit…

Bonjour Fred, je te vois au premier rang, en rouge et blanc...très souriant !

fred a dit…

Bien observé, Wictoria. Tu es, comme la plupart des femmes, meilleure physionomiste que moi. En ce qui me concerne, je n'ai pas été capable de reconnaître sur cette photo Laurence, même après que nous nous sommes revus. En fait elle se trouve juste au-dessus de moi, sur la rangée supérieure, du côté de mon épaule droite.

fred a dit…

Non, je corrige, Laurence se trouve bien juste au-dessus de moi (il n'y a pas d'épaule gauche qui tienne !)

fred a dit…

Pardon, Wictoria, je viens de revoir la photo, et je me rends compte qu'il y a, à droite, un garçon en rouge et blanc, au premier rang, très souriant, porteur de lunettes, sauf que ce n'est pas moi. Je suis à l'opposé de ce garçon, au premier rang toujours, en rouge et blanc certes, mais sans lunettes (je n'en portais pas encore à cette époque), en effet souriant mais pas "très souriant".

Wictoriane a dit…

ah je ris ! pourtant l'autre harçon avait un air de famille tu ne trouves pas ?