lundi 6 avril 2009

Klaus Schulze : le roi de la musique électronique (3)

CYBORG
(1373)


CYBORG : pochette de l'édition Brain records

Programme :

FACE 1 : 1-Synphära (22'45)

FACE 2 : 2-Conphära (25'44)


FACE 3 : 3-Chromengel (23'45)

FACE 4 : 4-Neuronengesang (24'39)

Un an à peine après IRRLICHT (1972), premier essai novateur mais encore balbutiant, Klaus Schulze nous revient en très grande forme avec un second opus, CYBORG (1973), qui non content d'être un double album (2 vinyls) s'impose d'emblée comme le mètre-étalon de la musique cosmique. L'artiste bouillonnant d'inspiration prend littéralement son envol en solo.

A ce titre, il me paraît nécessaire de garder à l'esprit que 3 années séparent CYBORG du célèbre OXYGENE (1976) de Jean-Michel Jarre. Loin de moi l'intention de retirer à Jarre l'immense mérite qu'il a eu de populariser la musique électronique auprès d'un auditoire qui ne l'aurait peut-être jamais découverte de lui-même. Mais je trouve totalement exagéré l'enthousiasme des médias de l'époque qui ont fait passer Jarre pour un authentique défricheur dans le domaine des instruments électroniques, alors qu'il n'a fait qu'emboîter le pas, avec un réel talent certes, aux deux artistes majeurs de l'école berlinoise, Klaus Schulze et Tangerine Dream, qui faisaient planer leur ARP synth et autre mini Moog sur nos platines depuis trois ans déjà. Jean-Michel Jarre a su trouver un compromis idéal entre le style planant de Klaus Schulze et celui, infiniment plus pop, de Kraftwerk, ce qui confère à OXYGENE une séduction immédiate capable de s'exercer même sur une oreille novice.

CYBORG contient déjà en fait toutes les sonorités de OXYGENE, la même texture éthérée, mais l'absence totale de rythme pop, au profit d'un rythme lancinant et robotique, colore ce voyage interstellaire d'accents beaucoup plus sombres.

CYBORG comporte quatre longues plages hypnotiques, autant de variations sur un même thème dont l'intérêt réside non seulement dans leur caractère incantatoire mais aussi dans le jeu fort subtil des textures où se mêlent scintillements de science-fiction, bourdonnements obsédants de basse et nappes aigües d'orgue farfisa. Bien que la palette sonore se soit considérablement enrichie depuis IRRLICHT, le timbre du VCS 3, volontairement monotone, enferme l'auditeur dans une torpeur qui participe de l'étrangeté des 90 minutes d'une musique en totale apesanteur. Le principe de composition est le même que pour IRRLICHT, à savoir la répétition de boucles synthétiques qui accentuent l'impression de musique figée.

On entend encore une fois un orchestre symphonique que Schulze s'est plu de nouveau à triturer. La fusion Orchestre+synthétiseur s'avère infiniment plus réussie que dans l'opus précédent. La musique de Schulze scintille de mille couleurs même si la plupart du temps elle nous offre une impression d'a-tonalité. Les mélodies n'en sont pas vraiment, mais le mariage des instruments électroniques (encore très limités à cette époque) et de l'orchestre déploie des trésors d'harmonies. IRRLICHT était sombre, CYBORG est plus lumineux mais à la manière d'un camaîeu de rouge et d'orange qui transperceraient la noirceur infinie de l'espace. Voilà une musique de méditation idéale, véritable alternative à l'horrible musique NEW AGE surgie des années 80.
CYBORG, pochette de l'édition OHR




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir Fred,

Ma deuxième écoute de « Cyborg » a été un peu difficile…Le côté religieux du début (façon orgue) est vite supplanté par quelques sonorités carrément stridentes. Les dernières minutes s’affinent un peu, comme dans tous les morceaux de l’album me semble-t-il.
« Chromengel » est triste et intéressant, mais il nous laisse en chemin.
Quant à « Neuronengesang », l’expérience se révèle terrible, on tombe et tombe encore, c’est très éprouvant, vraiment.

Je trouve donc globalement Cyborg bien plus sombre qu’Irrlicht…